Alain Hayot
Samedi, 19 Novembre, 2016
Humanite.fr
Alain Hayot, Membre du CEN et Délégué National à la culture du PCF.
Le débat au sein du PCF sur le choix de notre candidature aux
présidentielles a pris une dimension passionnelle alors qu’il s’agit
d’abord d’un choix politique. Nous savons de longue date les raisons
pour lesquelles cette élection est la plus compliquée pour notre parti
comme pour les combats que nous menons pour une alternative aux
politiques d’austérité et pour hâter le temps du commun, de l’égalité et
de la liberté que nous avons définie à notre dernier congrès. Notre
décision doit donc procéder d’une réflexion politique sur l’enjeu de
cette élection dans le contexte national, européen et mondial que nous
vivons.
National avec le risque considérable pour notre peuple qu’elle
réduise le paysage politique à un affrontement entre la droite et
l’extrême droite lourd de danger sur le plan social et démocratique ;
le risque est même réel de voir Marine Le Pen l’emporter en profitant
de la division de la droite et de l’absence de la gauche ; européen
parce que nous savons à quel point l’institution européenne est un
verrou qu’il nous faut affronter pour permettre la mise en œuvre d’une
politique progressiste dans notre pays ; mondial enfin car l’élection de
Trump aux USA confirme la force à cette échelle d’un capitalisme
sauvage décidée à remettre à l’ordre du jour les affrontements
nationalistes, les guerres et la mise en cause des libertés pour
résoudre les contradictions qu’ils rencontrent.
Comme nous ne pouvons pas affronter seul l’ensemble des dimensions
de ce combat de classes, la question du rassemblement est
incontournable. Le nier est pure folie suicidaire (cf. Marx et « le solo
qui devient un chant funèbre ») . Dans notre histoire ce n’est que par
le rassemblement de forces très large que nous avons su affronter, les
grands moments de notre histoire : le front populaire, la résistance et
la libération, la lutte contre le colonialisme, celle contre le pouvoir
personnel…. Mai 68
montre à contrario que lorsque nous n’avons pas pu créer les conditions
de l’union l’échec a été au bout. Mais l’union n’a jamais été un long
fleuve tranquille, c’est même le contraire et nous avons l’habitude de
dire à juste titre qu’elle est un combat qui connait ses réussites et
ses échecs.
Ainsi après la victoire du non d’une gauche rassemblée contre le
TCE en 2005, ce fut le double échec des collectifs anti-libéraux et de
la candidature de M.G.Buffet. Nous avons su remettre l’ouvrage sur le
métier avec la création du Front de gauche et la campagne unitaire de
2012. Aujourd’hui
à quoi sommes-nous confrontés ? D’une part à la crise du Front de
gauche qui mérite un vrai débat en lieu et place des invectives que nous
lisons de toutes parts, d’autre part à l’échec dramatique du
quinquennat de Hollande avec les risques considérables qu’il fait peser
sur l’existence d’une gauche alternative dans un pays où elle a toujours
jouer un rôle majeur. Mesure-t-on les dégâts concrets causés à notre
peuple par la politique de ce gouvernement qui ose encore se réclamer de
la gauche : misère, chômage, précarité, mise en cause des droits
sociaux, portant ainsi gravement atteinte à l’espoir d’une vie
meilleure. Il fallait donc tenter d’élargir le front opéré en 2012 à
toutes les forces politiques, sociales et citoyennes opposées à cette
politique. C’est ce que nous avons fait en tentant de surmonter les
difficultés de tous ordres rencontrées.
Chacun a pris ses responsabilités dans cette situation et il sera
toujours temps de les dénoncer. Mais une situation concrète est ce
qu’elle est et elle appelle non des réactions passionnelles mais « une
analyse concrète » (Lénine) : force est en effet de constater que nous
ne sommes pas parvenu à former cet arc de rassemblement plus large. A
vouloir désespérément le trouver nous risquons, au bout du processus
chaotique et totalement imprévisible que suivent le PS et les frondeurs,
d’être confronté à 3 options, subies du fait de notre impéritie : où la
poursuite du solo funèbre avec un risque vital pour notre parti, où la
conclusion d’un accord politique avec le PS qui est totalement à
exclure, où un appel de dernière minute au vote Mélenchon, ce qui
ressemblera fort à un ralliement.
Je préfère dès aujourd’hui
assumer le choix politique d’appeler en toute indépendance à voter pour
JLM. Cela nous permettrait d’amplifier un rassemblement déjà réel et
d’agir au sein, non de la France insoumise, mais de ce nouvel espace
politique que nous créerons de fait avec d’autres forces, pour lui
donner une ambition majoritaire et contribuer à son contenu
transformateur. Nous préparerons ainsi les législatives en imposant le
respect de chacune des composantes engagées. L’union est un combat mais
c’est la seule voie d’avenir pour reconstruire une gauche de
transformation sociale, une gauche actuellement en crise sur le plan
politique comme au plan intellectuel.
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