Spéculation
foncière et immobilière, gentrification des quartiers populaires,
élaboration de projets aberrants et nuisibles, partenariats
public-privé, disparition des terres agricoles... Pour en savoir un peu
plus et organiser les résistances !
Fouillis
programmatique et institutionnel, masqué par la construction d’un
coûteux réseau de transports présenté comme indispensable et bénéfique
pour tous les habitant-e-s d’Île-de-France, le Grand Paris connaît un
engouement médiatique et politique quasiment sans fausse note.
Pourtant ce nouvel exemple d’expansion métropolitaine au service de l’attractivité et de la compétitivité porte en lui sa logique de dévastation sociale et écologique : spéculation foncière et immobilière, gentrification des quartiers populaires, élaboration de projets aberrants et nuisibles, partenariats public-privé, disparition des terres agricoles, etc.
Mettre en évidence cette réalité pour s’y opposer est encore une tâche à mener.
Si l’intention d’une planification globale de la région n’est pas nouvelle [1], l’expression « Grand Paris » désigne plus récemment un projet d’aménagement de l’Île-de-France lancé par le gouvernement Fillon et qui a donné lieu à une loi adoptée en juin 2010.
Ce processus a démarré en 2007 avec une consultation architecturale internationale opposant dix équipes « pluridisciplinaires » devant élaborer chacune une vision d’ensemble de l’aménagement francilien.
Le Grand Paris est avant tout médiatiquement associé à la création d’un nouveau réseau de transport (200 km de voies ferrées et 72 gares) dont le tracé et l’emplacement des gares ont donné lieu à des affrontements entre l’État sarkozyste et le conseil régional PS jusqu’en janvier 2011 où un accord fut obtenu.
Le coût du projet reste cependant dans le flou : en décembre 2012, un rapport commandé par la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement estimait le montant à 30 milliards d’euros contre les 20 milliards initialement chiffrés.
L’échéance du projet a également été reportée de 2025 à 2030.
La loi sur le Grand Paris comprend aussi la mise en place de contrats de développement territoriaux (CDT), ces documents planifient les aménagements sur une vingtaine de zones considérées comme « stratégiques » en matière de « développement économique, urbain et social », et s’appuyant souvent sur une spécificité thématique locale : quartier d’affaires, aéronautique, transport fluvial, économie numérique, santé, « développement durable », « création » numérique, etc.
Si le terme de « cluster » est parfois employé pour désigner certains de ses projets (le cluster de la ville durable à Marne-la-Vallée, le biocluster de Sanofi à Vitry-sur-Seine), il qualifie souvent la situation du plateau de Saclay, territoire emblématique du Grand Paris appelé à devenir, selon l’expression consacrée, une « Silicon Valley française » (voire européenne) [2], par la concentration de centres de recherche et de groupes industriels.
Cependant tout projet d’aménagement – justifié et promu par les mêmes arguments de compétitivité, d’attractivité, d’innovation et par les mêmes promesses de création d’emplois – semble pouvoir être rattaché à la logique du Grand Paris, sans forcément en avoir le label à travers les CDT, et la planification globale laisse place à des projets concurrents.
Bien évidemment, ces projets s’élaborent à l’aide des habituelles « concertations » avec la population, destinées à donner un vernis « participatif » à des opérations déjà programmées (bien que pas forcément financées).
Plus récemment, au niveau institutionnel, la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles pousse au développement d’un nouveau type d’intercommunalité, la métropole, appliqué aux pôles urbains les plus « intégrés », de Strasbourg à Brest et de Marseille à Lille.
En Île-de-France, elle entend ainsi regrouper les communes de Paris et des trois départements de la Petite Couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) dans une structure baptisée « métropole du Grand Paris » et qui captera certaines compétences supracommunales (logement, aménagement du territoire, politique de la ville, etc.) et dirigée par un « conseil métropolitain », constitué de représentants des différentes sous-intercommunalités.
Cette métropole a pour fonction de définir et mettre en œuvre des actions pour « améliorer le cadre de vie de ses habitants, de réduire les inégalités entre les territoires qui la composent, de développer un modèle urbain, social et économique durable ». Mais ces objectifs ne sont recherchés qu’en tant que « moyens d’une meilleure attractivité et compétitivité » du territoire, attractivité et compétitivité qui apparaissent comme les véritables finalités du processus du Grand Paris et dont les résultats doivent – on ne sait comment – se faire « au bénéfice de l’ensemble du territoire national » [3].
Les intentions de ses promoteurs sont claires à ce sujet et n’ont pas varié après l’alternance politique de 2012. Nicolas Sarkozy déclarait ainsi dans son discours sur le Grand Paris, le 29 avril 2009 :
En 2009, en Île-de-France, moins de 80.000 attributions de logement social étaient proposées pour environ 386.000 demandes. En 2012, rien que sur Paris intra-muros, il y avait encore 140.000 demandes et moins de 12.000 d’entre elles ont été satisfaites [6].
De son côté, l’Atelier international du Grand Paris envisage que l’Île-de-France va « accueillir près de 900.000 nouveaux ménages d’ici 2030 soit environ 45.000 ménages par an » [7].
La loi sur le Grand Paris a fixé un objectif de construction annuelle de 70.000 logements supplémentaires (contre moins de 40.000 par an, ces dernières années) et des objectifs localisés ont été fixées dans ce cadre à travers les CDT. Mais – même dans la mesure où ces objectifs pourraient être atteints – de quels logements s’agit-il et à qui seront-ils destinés ?
En dépit des prévenances, on doute qu’il puisse s’agir de lutter réellement contre le mal-logement – ne serait-ce que par la construction de « vrais » logements sociaux [8] – mais bien plutôt d’accueillir jeunes diplômés, cadres supérieurs et ingénieurs, venus d’au delà des frontières régionales ou nationales, aimantés par « l’attractivité » tant vantée par les élites métropolitaines et par des emplois qui leur correspondront.
L’urbanisation et la création de gares et de projets coûteux aux « architectures XXL » [9] encouragent fortement la spéculation immobilière et foncière ; dans les villes de la petite couronne parisienne notamment, cela concourt au processus de gentrification qui accompagne les opérations de rénovation urbaine et qui réserve l’accès à la centralité urbaine aux plus aisés.
D’un autre côté, si des logements sont créés pour les plus démunis, il semble que ce soit à travers l’accroissement de villes-dortoirs aux taux de chômage endémiques, comme le dénonce le Collectif pour le Triangle de Gonesse à propos des communes de Sarcelles, Garges-lès-Gonesse et Villiers-le-Bel [10]. Le développement de lignes de métro supplémentaires ne fera qu’offrir aux moins aisés la possibilité d’habiter plus loin du centre, là où le logement sera plus accessible.
Les promoteurs du Grand Paris annoncent également la création de 250.000 emplois d’ici 2030 (toujours avec 900.000 ménages de plus). Là encore, et sans même poser la question de leur utilité sociale, rien ne prouve que ces emplois seront attribués aux populations locales en particulier dans les zones où elles n’ont pas les qualifications nécessaires, car la métropolisation repose sur l’attraction et la concentration d’activités tertiaires aux emplois très qualifiés – même s’il y aura parallèlement toujours besoin d’emplois très peu qualifiés (hôtellerie, restauration, nettoyage, gardiennage, etc.).
De plus, la « compétitivité » célébrée jouant aussi entre les divers territoires franciliens (qu’ils soient ou non concernés par des CDT ou des créations de gares), s’agit-il réellement de créations ou bien simplement de déplacements d’emplois comme dans le cas du plateau de Saclay qui concentrera grandes écoles, centres de recherche et entreprises venus d’ailleurs ?
Quant aux destructions d’emplois, causées par la concurrence entre les divers projets (par exemple le petit commerce face aux nouveaux centres commerciaux mais également la concurrence entre les divers centres commerciaux eux-mêmes) ou encore par les « économies d’échelle » dues à la mutualisation de services (secrétariat, restauration, etc.) lors des regroupements d’activités, elles ne sont jamais évoquées.
Malgré de beaux discours sur la « ville dense », la dynamique du Grand Paris est aussi en contradiction avec l’un des ses principes affichés, la lutte contre l’étalement urbain. Des centaines d’hectares de terres agricoles [11] et d’espaces naturels sont menacés par le développement urbain autour des nouvelles gares du Grand Paris Express et par les divers grands projets mégalomaniaques comme le gigantesque centre de loisirs « Europa city » du groupe Auchan dans le triangle de Gonesse (Val d’Oise, 300 ha), le « cluster » du plateau de Saclay (Essonne, 400 ha) ou le « Village nature » d’Eurodisney-Center Parcs (Seine-et-Marne, 259 ha), pour citer les trois plus emblématiques.
Tous ces projets, petits et grands, vont également justifier la construction de nouvelles routes et autoroutes qui mangeront encore de la surface et provoqueront un émiettement de parcelles, elles-mêmes plus facilement urbanisables.
En mai 2013, la FNSEA d’Île-de-France en est même venue à signer un communiqué commun sur le sujet avec Île-de-France Environnement, fédération régionale des associations de protection de l’environnement, alors que la surface agricole francilienne venait de passer sous les 50 % de la surface totale.
De même, la Seine est elle aussi menacée par l’idée de faire du Havre le port international du Grand Paris ce qui se traduit par des projets de développement du port d’Achères (Seine-métropole) et de celui de Gennevilliers dans l’optique d’un accroissement du trafic fluvial – trafic qui ne viendrait pas se substituer à d’autres formes de transports de marchandises mais, dans une logique de croissance, s’y ajouter.
P. P.
Pourtant ce nouvel exemple d’expansion métropolitaine au service de l’attractivité et de la compétitivité porte en lui sa logique de dévastation sociale et écologique : spéculation foncière et immobilière, gentrification des quartiers populaires, élaboration de projets aberrants et nuisibles, partenariats public-privé, disparition des terres agricoles, etc.
Mettre en évidence cette réalité pour s’y opposer est encore une tâche à mener.
Si l’intention d’une planification globale de la région n’est pas nouvelle [1], l’expression « Grand Paris » désigne plus récemment un projet d’aménagement de l’Île-de-France lancé par le gouvernement Fillon et qui a donné lieu à une loi adoptée en juin 2010.
Ce processus a démarré en 2007 avec une consultation architecturale internationale opposant dix équipes « pluridisciplinaires » devant élaborer chacune une vision d’ensemble de l’aménagement francilien.
Le Grand Paris est avant tout médiatiquement associé à la création d’un nouveau réseau de transport (200 km de voies ferrées et 72 gares) dont le tracé et l’emplacement des gares ont donné lieu à des affrontements entre l’État sarkozyste et le conseil régional PS jusqu’en janvier 2011 où un accord fut obtenu.
Le coût du projet reste cependant dans le flou : en décembre 2012, un rapport commandé par la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement estimait le montant à 30 milliards d’euros contre les 20 milliards initialement chiffrés.
L’échéance du projet a également été reportée de 2025 à 2030.
La loi sur le Grand Paris comprend aussi la mise en place de contrats de développement territoriaux (CDT), ces documents planifient les aménagements sur une vingtaine de zones considérées comme « stratégiques » en matière de « développement économique, urbain et social », et s’appuyant souvent sur une spécificité thématique locale : quartier d’affaires, aéronautique, transport fluvial, économie numérique, santé, « développement durable », « création » numérique, etc.
Si le terme de « cluster » est parfois employé pour désigner certains de ses projets (le cluster de la ville durable à Marne-la-Vallée, le biocluster de Sanofi à Vitry-sur-Seine), il qualifie souvent la situation du plateau de Saclay, territoire emblématique du Grand Paris appelé à devenir, selon l’expression consacrée, une « Silicon Valley française » (voire européenne) [2], par la concentration de centres de recherche et de groupes industriels.
Cependant tout projet d’aménagement – justifié et promu par les mêmes arguments de compétitivité, d’attractivité, d’innovation et par les mêmes promesses de création d’emplois – semble pouvoir être rattaché à la logique du Grand Paris, sans forcément en avoir le label à travers les CDT, et la planification globale laisse place à des projets concurrents.
Bien évidemment, ces projets s’élaborent à l’aide des habituelles « concertations » avec la population, destinées à donner un vernis « participatif » à des opérations déjà programmées (bien que pas forcément financées).
Plus récemment, au niveau institutionnel, la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles pousse au développement d’un nouveau type d’intercommunalité, la métropole, appliqué aux pôles urbains les plus « intégrés », de Strasbourg à Brest et de Marseille à Lille.
En Île-de-France, elle entend ainsi regrouper les communes de Paris et des trois départements de la Petite Couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) dans une structure baptisée « métropole du Grand Paris » et qui captera certaines compétences supracommunales (logement, aménagement du territoire, politique de la ville, etc.) et dirigée par un « conseil métropolitain », constitué de représentants des différentes sous-intercommunalités.
Cette métropole a pour fonction de définir et mettre en œuvre des actions pour « améliorer le cadre de vie de ses habitants, de réduire les inégalités entre les territoires qui la composent, de développer un modèle urbain, social et économique durable ». Mais ces objectifs ne sont recherchés qu’en tant que « moyens d’une meilleure attractivité et compétitivité » du territoire, attractivité et compétitivité qui apparaissent comme les véritables finalités du processus du Grand Paris et dont les résultats doivent – on ne sait comment – se faire « au bénéfice de l’ensemble du territoire national » [3].
Des « villes-mondes » en concurrence
Le Grand Paris est une déclinaison de la logique de métropolisation qui touche la planète et met en concurrence les territoires.Les intentions de ses promoteurs sont claires à ce sujet et n’ont pas varié après l’alternance politique de 2012. Nicolas Sarkozy déclarait ainsi dans son discours sur le Grand Paris, le 29 avril 2009 :
« Paris est une ville-monde mais la région capitale est une économie-monde. Paris et la région capitale, c’est pas simplement la capitale de la France. Paris, c’est la rivale de Londres, de New York, de Tokyo, de Shanghai. Elle a vocation à être au premier plan dans la civilisation et dans l’économie mondiale ».Quant au « Nouveau Grand Paris » du gouvernement Ayrault, il n’a de « nouveau » que le nom et
« doit permettre à l’Île-de-France, qui représente 30% de la richesse nationale, d’atteindre le sommet des grandes métropoles mondiales sur le plan économique, de l’attractivité mais aussi de la solidarité » [4].En matière de « solidarité » francilienne, la barre n’est pas placée très haut puisque l’actuel gouvernement ne prévoit d’abord que de reprendre le même objectif annuel de création de logements neufs, fixé par son prédécesseur, et de créer un fonds de péréquation financière inter-départemental qui provoque des réticences de la part des communes les plus riches [5].
En 2009, en Île-de-France, moins de 80.000 attributions de logement social étaient proposées pour environ 386.000 demandes. En 2012, rien que sur Paris intra-muros, il y avait encore 140.000 demandes et moins de 12.000 d’entre elles ont été satisfaites [6].
De son côté, l’Atelier international du Grand Paris envisage que l’Île-de-France va « accueillir près de 900.000 nouveaux ménages d’ici 2030 soit environ 45.000 ménages par an » [7].
La loi sur le Grand Paris a fixé un objectif de construction annuelle de 70.000 logements supplémentaires (contre moins de 40.000 par an, ces dernières années) et des objectifs localisés ont été fixées dans ce cadre à travers les CDT. Mais – même dans la mesure où ces objectifs pourraient être atteints – de quels logements s’agit-il et à qui seront-ils destinés ?
En dépit des prévenances, on doute qu’il puisse s’agir de lutter réellement contre le mal-logement – ne serait-ce que par la construction de « vrais » logements sociaux [8] – mais bien plutôt d’accueillir jeunes diplômés, cadres supérieurs et ingénieurs, venus d’au delà des frontières régionales ou nationales, aimantés par « l’attractivité » tant vantée par les élites métropolitaines et par des emplois qui leur correspondront.
L’urbanisation et la création de gares et de projets coûteux aux « architectures XXL » [9] encouragent fortement la spéculation immobilière et foncière ; dans les villes de la petite couronne parisienne notamment, cela concourt au processus de gentrification qui accompagne les opérations de rénovation urbaine et qui réserve l’accès à la centralité urbaine aux plus aisés.
D’un autre côté, si des logements sont créés pour les plus démunis, il semble que ce soit à travers l’accroissement de villes-dortoirs aux taux de chômage endémiques, comme le dénonce le Collectif pour le Triangle de Gonesse à propos des communes de Sarcelles, Garges-lès-Gonesse et Villiers-le-Bel [10]. Le développement de lignes de métro supplémentaires ne fera qu’offrir aux moins aisés la possibilité d’habiter plus loin du centre, là où le logement sera plus accessible.
Les promoteurs du Grand Paris annoncent également la création de 250.000 emplois d’ici 2030 (toujours avec 900.000 ménages de plus). Là encore, et sans même poser la question de leur utilité sociale, rien ne prouve que ces emplois seront attribués aux populations locales en particulier dans les zones où elles n’ont pas les qualifications nécessaires, car la métropolisation repose sur l’attraction et la concentration d’activités tertiaires aux emplois très qualifiés – même s’il y aura parallèlement toujours besoin d’emplois très peu qualifiés (hôtellerie, restauration, nettoyage, gardiennage, etc.).
De plus, la « compétitivité » célébrée jouant aussi entre les divers territoires franciliens (qu’ils soient ou non concernés par des CDT ou des créations de gares), s’agit-il réellement de créations ou bien simplement de déplacements d’emplois comme dans le cas du plateau de Saclay qui concentrera grandes écoles, centres de recherche et entreprises venus d’ailleurs ?
Quant aux destructions d’emplois, causées par la concurrence entre les divers projets (par exemple le petit commerce face aux nouveaux centres commerciaux mais également la concurrence entre les divers centres commerciaux eux-mêmes) ou encore par les « économies d’échelle » dues à la mutualisation de services (secrétariat, restauration, etc.) lors des regroupements d’activités, elles ne sont jamais évoquées.
Malgré de beaux discours sur la « ville dense », la dynamique du Grand Paris est aussi en contradiction avec l’un des ses principes affichés, la lutte contre l’étalement urbain. Des centaines d’hectares de terres agricoles [11] et d’espaces naturels sont menacés par le développement urbain autour des nouvelles gares du Grand Paris Express et par les divers grands projets mégalomaniaques comme le gigantesque centre de loisirs « Europa city » du groupe Auchan dans le triangle de Gonesse (Val d’Oise, 300 ha), le « cluster » du plateau de Saclay (Essonne, 400 ha) ou le « Village nature » d’Eurodisney-Center Parcs (Seine-et-Marne, 259 ha), pour citer les trois plus emblématiques.
Tous ces projets, petits et grands, vont également justifier la construction de nouvelles routes et autoroutes qui mangeront encore de la surface et provoqueront un émiettement de parcelles, elles-mêmes plus facilement urbanisables.
En mai 2013, la FNSEA d’Île-de-France en est même venue à signer un communiqué commun sur le sujet avec Île-de-France Environnement, fédération régionale des associations de protection de l’environnement, alors que la surface agricole francilienne venait de passer sous les 50 % de la surface totale.
De même, la Seine est elle aussi menacée par l’idée de faire du Havre le port international du Grand Paris ce qui se traduit par des projets de développement du port d’Achères (Seine-métropole) et de celui de Gennevilliers dans l’optique d’un accroissement du trafic fluvial – trafic qui ne viendrait pas se substituer à d’autres formes de transports de marchandises mais, dans une logique de croissance, s’y ajouter.
Une expansion métropolitaine sans remise en cause
Depuis 18 mois, une opposition globale au Grand Paris essaie de se constituer mais peine à être audible. Un premier rapprochement entre opposant-e-s, qui a débouché sur la constitution de la Costif (Coordination pour la solidarité des territoires d’Île-de-France et contre le Grand Paris [12]), a par la suite bénéficié de la médiatisation de la ZAD de Notre Dame des Landes après la répression d’octobre 2012, qui a aussi permis de mettre en avant la question de l’aménagement du territoire en région parisienne (réunion publique en mars 2013, journées de mobilisation en décembre). Cependant la contestation d’ensemble du Grand Paris reste encore très faible.P. P.
Notes
[1] Jean-Pierre Garnier, Le « Grand Paris » : une urbanisation sans urbanité
[2] Voir la carte et les fiches des CDT sur le site de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France : www.iau-idf.fr
[3] Article 12 de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (loi n° 2014-58 du 27 janvier 2014).
[4] « Le Nouveau Grand Paris : pour une région compétitive et solidaire », communiqué du Premier ministre, 6 mars 2013
[5] L’article
12 de la loi sur les métropoles laisse au « conseil métropolitain » le
soin de débrouiller les critères de la péréquation.
[6] APUR, L’accès au logement social à Paris en 2012, septembre 2013.
[7] « Six questions sur le logement en Île-de-France », www.ateliergrandparis.com
[8] PLAI ou PLUS plutôt que PLS.
[9] Paris, la métropole et ses projets, Connaissance des arts, hors-série, décembre 2011.
[10] « Avis sur le CDT Val-de-France », http://voe95.fr/cptg
[11] Terres
essentiellement dédiées à une agriculture industrielle productiviste
mais que l’urbanisation éloignera encore plus des possibilités de
maraîchage paysan et de distribution en circuits courts.
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