Le temps des choix est arrivé
Une contribution de Frédérick Genevée.
A deux mois de la fête de l’Humanité qui signera la
rentrée politique du PCF pour des centaines de milliers de personnes, il
est temps d’accélérer notre débat et de mettre sur la table en toute
sérénité les différentes hypothèses pour 2017. Nous ne pouvons être dans
une situation de spectateur, nous avons besoin d’influer sur la réalité
à partir de nos décisions de congrès et des événements et évolutions
en cours.
Le contexte depuis le congrès : Poursuite d’une
contestation massive contre la loi El Khomri, Brexit, élections en
Espagne, décision du PS d’organiser ses primaires de la « gauche
gouvernementale » avec la participation unanime des frondeurs,
déclaration de Marie-George qui souhaite que nous décidions en novembre
de soutenir Jean-Luc Mélenchon, déclarations fracassantes de ce dernier
sur l’Europe et sur les conclusions qu’il tire des résultats espagnols.
Lutte contre la loi El Khomri : se confirme la
solidité d’un rassemblement large et unitaire qui porte sur des
questions de fond : l’emploi, le travail, la démocratie sociale. La CGT à
la suite de son congrès et des réorientations qu’il a décidées y joue
un rôle moteur. Le gouvernement soutenu par le PS est en difficulté,
lâche sur quelques aspects mineurs mais poursuit globalement dans sa
fuite en avant libérale et autoritaire.
Le Brexit : c’est une mauvaise nouvelle car il
conduit à cacher les causes et les responsables de la crise –
libéralisme et absence de démocratie dans la construction européenne –
pour montrer du doigt les immigrés. Les catégories populaires qui ont
voté pour la sortie se sont faites piéger par manque d’une véritable
perspective de changement de l’UE. Après le traitement de choc imposé à
la Grèce, il est de plus en plus difficile de rendre crédible une Europe
sociale et démocratique. Et pourtant, nous savons qu’il n’y a pas de
solution dans un repli nationaliste, que les gouvernements nationaux
sont les premiers responsables de la situation. Nous sommes donc en
grande difficulté sur cette question et nous ne pourrons pas ne pas
faire évoluer nos propositions.
La décision du PS d’organiser des primaires en
janvier 2017 et surtout la décision des frondeurs d’y participer rend
caduque un rassemblement électoral de la gauche anti-hollande en 2017.
Comme on pouvait s’y attendre, il y aura un candidat du PS. Les
frondeurs peuvent-ils gagner cette primaire ? c’est peu probable. De
plus, nous ne pouvons nous permettre d’attendre janvier pour voir ce
qu’il en sortirait. Notre décision doit être prise à la conférence
nationale de novembre comme le prévoit le congrès. Et même si un Arnaud
Montebourg gagnait, serait-il souhaitable de faire à nouveau du PS
l’épicentre de la recomposition à gauche ?
La déclaration de Marie-George n’est pas non plus une
surprise mais le moment qu’elle a choisi exprime une sorte de
polarisation accélérée du débat des communistes sur les hypothèses pour
2017, mais débat sur les noms qui s’exprime le plus fréquemment hors des
cadres organisés de nos discussions. C’est pour cela que je pense qu’il
est temps que chacun s’exprime sur les différentes hypothèses,
Les déclarations de Mélenchon sur l’Europe et les
résultats espagnols confirment son choix d’en rester au cadre de La
France insoumise et d’une vision de l’avenir de la politique dans un
affrontement entre le peuple et les élites. Mais il est lui-même dans
une contradiction car son discours place de Stalingrad est fondé sur les
valeurs de gauche.
Que faire ? Nous avons des décisions de congrès il faut les appliquer mais toutes les appliquer :
- Grande Consultation citoyenne
- Votation citoyenne et éventuellement primaires citoyennes
- Faire vivre les Assemblées citoyennes et le Front de gauche
- Investir l’Appel des 100
Cet ensemble de décisions a pour objectif de donner à
voir la construction d’un processus de rassemblement qui est celui de
ceux qui par exemple sont contre la loi El Khomri ou dit autrement au
niveau politique : des frondeurs au PG voire au NPA/LO. C’est à mon avis
stratégique pour l’avenir post 2017 et met nos idées au centre du
rassemblement et de la recomposition à gauche. Mais je persiste à croire
au vu du calendrier et des choix des différents acteurs (PS, frondeurs,
Mélenchon…), que ce processus ne prendra pas l’ampleur suffisante pour
aboutir sur une candidature évidente pour tous en 2017. On peut se
réfugier dans un volontarisme organisationnel mais l’absence de
visibilité pour 2017 et après paralyse l’action des communistes, c’est
la raison qui explique nos difficultés avec le questionnaire.
Il n’y a donc pas de solution idéale, c’est pour cela
que maintenant il faut entrer dans le débat plus concrètement, on me
dit parfois qu’il n’y a pas urgence, que l’essentiel est dans la
réussite du processus. Mais soyons lucide, tout s’accélère et on ne
pourra pas rester plus longtemps l’arme au pied.
1. Mélenchon
En janvier, à la veille de sa déclaration de
candidature que j’ignorais, j’avais dit au CEN que « je ne voyais pas
comment on ne pouvait pas ne pas le soutenir, qu’il valait mieux qu’il
soit candidat avec nous que contre nous ». Tout ce qui s’est passé
depuis me confirme dans cette conviction. En effet, depuis cette date,
il y a eu l’affaire des primaires – que le congrès a heureusement permis
de clarifier. Depuis, il y eu la mise en mouvement de la France
insoumise avec tous les problèmes que cela pose en terme de construction
collective. Depuis, il y a eu les déclarations de Mélenchon sur
l’Europe qui ont deux aspects. L’un sur la stratégie de changement en
Europe que je ne partage pas mais qui mérite une discussion légitime.
Question qui traverse d’ailleurs fortement le Parti puisqu’au congrès
les débats sur l’Europe se sont faits à 60/40. L’autre est qu’il joue
avec une symbolique nauséabonde.
Pourtant, il y a nécessité de faire converger les
forces anti-libérales et dans ce cadre Jean-Luc Mélenchon a installé sa
candidature à un très haut niveau et il apparaît aujourd’hui aux yeux du
plus grand nombre comme la seule alternative. Or il est de la première
importance qu’après 5 ans de gouvernement libéral conduit par le PS que
la gauche d’alternative ne soit pas à moins de 11 %
Trois hypothèses sont donc possibles :
- Reprendre la discussion avec lui sur les contenus et les formes collectives de rassemblement, cela impliquerait évidemment un accord sur les législatives et un effort mutuel de rapprochement entre nos positions et les siennes (solution idéale si on aboutit)
- Construire un cadre commun à ceux qui le soutiennent mais refusent la France insoumise ne souhaitant pas avoir les mains liées sur ce qu’il pourrait faire ou dire. Je pense à de nombreux syndicalistes, intellectuels, Ensemble !, revues.. La référence à l’Humain d’abord réactualisé pourrait en être un des ciments. Elle ne peut pas d’ailleurs être laissée à Mélenchon seul qui en fait ce qu’il veut. Cette hypothèse qui a aujourd’hui ma préférence pourrait être aussi un moyen de revenir à l’hypothèse précédente . Ce cadre commun serait un des aspects du processus large et multiforme que nous avons décidé au congrès et serait une étape de reconstruction de la gauche. Il nous permettrait d’aborder les législatives en position de force et ne pas dépendre du maintien ou pas de candidatures de la France insoumise dans la bataille pour conserver un groupe.
- Envisager une autre candidature
2. Autres candidatures
Je lis de nombreuses critiques sur Mélenchon, j’en
partage donc certaines mais maintenant il faut faire le même exercice
sur d’autres possibilités sinon la critique restera facile mais ne
débouchera sur rien et nous risquons un ralliement de dernière minute
dans les pires conditions
- Montebourg : il nous pose des questions de contenu , rappelons-nous ses propos germanophobes quand il était au gouvernement. Rappelons-nous son soutien total aux mesures de Hollande sur le CICE, le pacte budgétaire… Dans son entretien récent au Monde, il ne prend même pas clairement position pour le retrait de la loi El Khomri. Il a soutenu Hollande contre Aubry, Valls contre Ayrault… Par ailleurs en annonçant qu’il participera aux primaires du PS, et si nous le soutenions il nous rendrait dépendant du calendrier de ce dernier. Plus grave que cela, comme je l’ai écrit plus haut, cela ferait à nouveau du PS le centre de la recomposition politique à venir, en incapacité à relever les immenses défis du XXIe siècle et donc ferait du FN la seule alternative à moyen terme. Par ailleurs, une candidature de Montebourg en dehors du PS est peu probable car elle ne serait qu’une candidature de témoignage qui ne trouverait pas d’espace entre Hollande et Mélenchon, une candidature « petite gauche ». Il ne prendra pas ce risque.
- Hulot : On ne sait pas s’il est candidat. Il pose aussi des problèmes de contenus et de convergence avec nous sur certaines questions environnementales et sur l’analyse du capitalisme. Il souhaite se placer en dehors de tout processus collectif et surtout se situe en dehors de l’axe gauche/droite, ce qui pourrait le conduire après les présidentielles à participer ou soutenir un gouvernement de droite comme il l’a déjà fait.
- Une candidature communiste : laquelle ? Mais surtout, elle ne permettrait pas dans les circonstances actuelles un rassemblement large et offensif et ne résoudrait donc aucun des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Si une candidature de ce type était possible, il y a longtemps que cela serait évident et ne ferait même pas l’objet d’un débat entre nous.
Je lis sous la plume de certains communistes la
critique facile de Mélenchon mais je n’en vois aucun faire d’autres
propositions crédibles. Il est maintenant temps que tout soit mis sur la
table car le temps des choix est arrivé.
La france insoumise, ce sont des dizaines de milliers d'anciens communistes à qui, on ne va pas raconter d'histoires ! On sait exactement pourquoi, on a quitté le PCF, et cette façon de disserter sur l'avenir en ne prenant pas la mesure de ce qu'est, la France insoumise,vous conduira à ne rien comprendre à ce mouvement extrêmement politique, extrêmement présent et que respecte Jean Luc Mélenchon ! En réduisant notre mouvement à la personne de Jean Luc ou du PG, vous vous trompez sur ce que nous représentons ! Mélenchon fait son job en haut, nous nous travaillons à rassembler, et à impliquer les gens autour de nous ! Dans sa forme, c'est une façon de travailler qui ressemble à ce qu'auraient pu faire les cocos dans leur cellule, si ce n'était passé de mode au PCF !Les difficultés à remplir les questionnaires, c'est d'abord le vieillissement de vos troupes, leur affaiblissement et l'incapacité d'être au plus près des gens de façon régulière ! Mais ne rêvez pas, les anciens cocos de la France insoumise sont parmi les plus exigeants à votre égard ! Il est un peu tard, maintenant pour prétendre que nous cédions à vos exigences, sur la forme, comme sur le fond de la bataille ! Les magouilleries de Pierre Laurent, ne sont pas dignes de l'histoire du PCF, de ses combats ! C'est décevant ! Rencontrer Taubira Duflot, Montebourg, c'est la honte, Pourquoi pas dans ce cas Dany le Rouge !!! J'espère encore, que nous pourrons travailler ensemble, chaque communiste, quelque soient ses titres, peut individuellement agir dans la France Insoumise ,il n'y a ps de temps à perdre !
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