jeudi 17 novembre 2016

À 150 jours du premier tour, l’option raisonnable

Guillaume Roubaud-Quashie
Mercredi, 16 Novembre, 2016
L'Humanité


Ceux qui se plaisaient à répéter que le Parti communiste n’existait plus et que ses choix n’intéressaient personne auront dû mettre à jour leurs fiches, tant les projecteurs ont été braqués sur les travaux de notre conférence nationale. C’est qu’avec des dizaines de milliers de militants organisés, des milliers d’élus (dont près de 800 peuvent donner signature pour l’élection présidentielle), une JC en pleine expansion, le mouvement communiste est une force qui n’a pas mille équivalents dans le paysage politique dévasté qui nous entoure. Mais cette dévastation même ne saurait nous réjouir car, sous nos yeux, c’est bien le scénario du pire qui poursuit son chemin, promettant des lendemains qui saignent. C’est pour conjurer ce scénario de tragique actualité que la direction précédente avait engagé, dès l’année passée, une démarche de large rassemblement à perspective majoritaire. C’est cette même démarche qui a été validée comme feuille de route par les communistes lors de notre dernier congrès. Si le paysage reste mouvant, force est toutefois de constater que les obstacles sont têtus et que nous sommes en difficulté dans ce combat. L’hésitation des communistes entre les deux options qui leur sont proposées dans ce contexte est donc logique, saine et justifiée, et il va de soi que la décision de la majorité des communistes sera celle de tout le Parti. Dans tous les cas, l’ensemble de la direction, non seulement la respectera, mais se mettra à plat ventre pour la faire vivre, car c’est bien un effort de cette nature qui nous attend toutes et tous si nous voulons être à la hauteur des enjeux.
Nous le savons, autour de nous, certains préparent leur candidature à la présidentielle depuis deux, trois, cinq, dix ans. Par-delà les jeux d’intrigues dans lesquels aime à patauger la bourgeoisie, ce sont des plans de bataille, des études, des enquêtes… : un travail énorme a été abattu au service de ces machines de guerre électorales. Nos choix des quinze derniers mois nous ont amenés à orienter notre travail dans une autre direction. Avec nos moyens, réels, mais qui ne sont pas ceux des amis d’Emmanuel Macron ou de Paul Bismuth, est-il raisonnable de lancer une candidature communiste à 150 jours de l’élection, dans ce qui ne saurait être qu’une relative improvisation et alors même que, à l’heure actuelle, l’immense majorité de celles et ceux qui nous écoutent n’ont rien compris des raisons – fondées – qui nous éloignent de notre ancien candidat ?
Uni, préparé et déterminé, le collectif communiste peut soulever des montagnes, assurément. Dans les circonstances actuelles, ma conviction est que notre combat gagnerait à emprunter le chemin de l’option n° 1. Par nos mille bouches, nos mille oreilles, nos mille mains, nous parviendrons à border un petit torrent éphémère pour le maintenir dans le combat de classe et, ainsi bordé, celui-ci sera utile à la classe ouvrière de ce pays, à l’ensemble des salariés, aux 99 %. Nous ne sommes pas militants à nous « laisser troubler par des coups d’épingle » (Lénine). Ne perdons pas de vue l’essentiel : le capitalisme est le grand frein qui enchaîne et défigure notre humanité et sa planète ; le communisme est la grande question de notre temps. Le désordre éclectique n’est qu’épisode et écume. N’emmenons pas à l’aventure la seule organisation d’importance qui se bat pour la question du siècle.

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